Raymond Douglas Bradbury dit Ray Bradbury, né le 22 août 1920 à Waukegan dans l’Illinois et mort le 5 juin 2012 (à 91 ans) à Los Angeles en Californie, est un écrivain américain, référence du genre de l’anticipation. Il est particulièrement connu pour ses Chroniques martiennes, écrites en 1950, L’Homme illustré, recueil de nouvelles publié en 1951, et surtout Fahrenheit 451, roman dystopique publié en 1953.
Avec Ray Bradbury, c’est une certaine histoire de la culture populaire américaine dont les dernières pages se tournent. Une culture de masse, née au lendemain de la première guerre mondiale, comme l’auteur des Chroniques Martiennes, né dans l’Illinois le 22 août 1920. Celle des feuilletons radiophoniques, des magazines d’histoires à quatre sous (la fameuse « pulp fiction« ) et de la littérature de genre (policière, fantastique ou de science-fiction), qui s’impose alors sans plus de prétention.
Auteur compulsif et têtu, Ray Bradbury est un enfant de la Grande Dépression, l’incarnation du « self-educated man« . Un autodidacte qui n’alla jamais à l’université. A maintes reprises, il confessa avoir appris son métier d’écrivain en se rendant, adolescent, dans des bibliothèques publiques – et en volant des journaux dans des librairies (il les remettait en rayon après les avoir lus).
Parmi ses premières lectures : Edgar Allan Poe, les Tarzan d’Edgar Rice Burroughs ou Le Magicien d’Oz de L. Frank Baum. Sa vocation est précoce : dès l’âge de 12 ans, Ray Bradbury écrit tous les jours – il n’a que 17 ans quand sa première nouvelle est publiée dans un fanzine. C’est en contribuant à ce genre de publications, ainsi qu’à d’autres plus sérieuses ou plus professionnelles, qu’il affinera son art de la nouvelle et du texte court.
Car Ray Bradbury est avant tout un écrivain de la forme brève, voire du paragraphe. Le succès planétaire de son roman Fahrenheit 451, paru en 1953 (et de l’adaptation qu’en fit François Truffaut avec Oskar Werner et Julie Christie en 1966) est trompeur. Doublement, d’ailleurs, puisqu’il fera de l’auteur américain un classique de la science-fiction – alors qu’il est au départ surtout remarquable par son talent pour une littérature fantastique, onirique et lyrique, parfois teintée de science-fiction. Rien de plus.
Ses premiers livres sont exemplaires de cette tendance, qu’il s’agisse des Chroniques Martiennes en 1950 ou de L’Homme illustré en 1951. Recueils de nouvelles légères et poétiques, liées entre elles par un fil narratif ténu qu’il est difficile d’appeler une intrigue, l’un et l’autre surprennent par leur grande délicatesse, leur attention au rythme de la phrase, leur sens de l’image.
Confronté à la prudence de son éditeur qui hésite à publier des nouvelles d’un inconnu, Ray Bradbury modifie quelques lignes des Chroniques Martiennes pour en faire une illusion de roman – et le convaincre. Premières critiques positives, adaptation radiophonique immédiate sur la NBC. Sa carrière est lancée, tout de suite accompagnée d’un soupçon qui peut faire sourire, aujourd’hui : s’agit-il d’un écrivain de genre, ou d’un écrivain tout court ?
Aux termes de science-fiction ou de fantastique, Ray Bradbury opposera par la suite, dans plusieurs entretiens, celui de « fiction d’idées » (« fiction of ideas« ) : des idées qui n’existent pas, ou pas encore. Plutôt qu’une littérature du possible ou du peut-être, une littérature de l’évidence (à venir) ou de l’ailleurs.
Très éloigné des milieux intellectuels de la côte Ouest, fidèle à la Californie jusqu’à sa mort, l’écrivain se méfie des catégories. Il évite ceux qui croient savoir comment il faut écrire, critiques ou professeurs. Il leur préfère la compagnie des réalisateurs et des scénaristes, des artistes ou des dessinateurs.
Il se lie ainsi très jeune avec Charles Addams (1912-1988), caricaturiste emblématique du New Yorker (connu pour avoir croqué les premières aventures de La famille Addams), qui illustrera certaines de ses nouvelles dans les années 1940.
Avec le succès de ses premiers livres, la télévision et le cinéma s’intéressent à lui. Ses nouvelles sont adaptées dans le cadre des premières anthologies télévisées fantastiques ou policières – « Alfred Hitchcock présente » (1955-1965) ou « La Quatrième Dimension » (1959-1964), pour ne citer que celles-là.
Très vite, la télévision américaine apprécie Ray Bradbury. Les téléspectateurs également : son style, ses influences leur correspondent à merveille. A la fin des années 1980, comme un hommage, il présentera même sa propre anthologie fantastique sur la chaîne câblée HBO : « Le Monde fantastique de Ray Bradbury » (1985-1992). Cependant, au tout début des années 1950, c’est surtout le cinéma qui l’intéresse – là, pourtant, l’idylle est plus difficile.
Comme scénariste, ses tentatives sont loin d’êtres probantes. En 1953, Le Météore de la nuit (plus connu sous son titre original : It Came From Outer Space) du réalisateur Jack Arnold, est médiocre, pour le moins. La même année, pourtant, Bradbury est engagé par John Huston pour adapter le Moby Dick de Melville. La fin du roman lui déplaît, il la réécrit – enlève des personnages, modifie, corrige. Le film, sorti en 1956 avec Gregory Peck et Orson Welles, est un échec critique et public.
Par la suite, Bradbury s’impliquera beaucoup moins. Et les années 1960 seront celles de l’adaptation de ses propres livres par d’autres : le stimulant Fahrenheit 451 de François Truffaut en 1966, et le décevant Homme illustré de Jack Smight en 1969 (avec Rod Steiger). A l’évidence, Ray Bradbury est davantage l’homme du petit écran que du grand.
Surtout, il est l’homme de plus de cinquante livres. Le succès des premiers est en effet un trompe-l’œil, car Ray Bradbury ne cesse pas d’écrire, et surtout des nouvelles. La Foire des ténèbres (1962), Les Machines à bonheur (1964), Je chante pour le corps électrique (1970), mais aussi, bien plus tard, Train de nuit pour Babylone (1999), confirment son indiscutable talent.
Il écrit également des pièces de théâtre (qu’il fait monter par la Pandemonium Theatre Company, qu’il fonde en 1964) et publie des recueils de poèmes. Il avouera d’ailleurs, dans une interview à la Paris Review au printemps 2010, qu’il « lit beaucoup de poètes, Hopkins, Frost, Shakespeare, et certains écrivains comme Steinbeck, Huxley et Thomas Wolfe ». Mais pas d’écrivain de science-fiction. En l’espèce, ses influences avouées remontent à l’enfance : Jules Verne et H .G. Wells.
Lire, écrire : jusqu’à ses dernières années, Ray Bradbury avait persisté malgré une attaque cérébrale qui, depuis 1999, l’empêchait de taper à la machine. Ses dernières nouvelles, il les avait dictées à sa fille par téléphone. « Le travail est [ma] seule réponse », avouait-il au printemps 2010 : « Je ne connais qu’une seule règle : fais ton travail jusqu’au bout, sinon, ferme-là et bois du gin. » Il ajoutait : « Et si vraiment rien ne marche, fuis le plus loin et le plus vite possible. »
Liste des livres:
ROMANS:
Fahrenheit 451; 1955 (NB: Version originale en 1953)
DOSSIER sur Fahrenheit 451; Avril 1995
Le Vin de l’été; Mars 1959 (NB: Version originale en 1957)
La Foire des ténèbres; Février 1964 (NB: Version originale en 1962)
L’Arbre d’Halloween; 1994 (NB: Version originale en 1972)
La Solitude est un cercueil de verre; 1986 (NB: Version originale en 1985)
Le Fantôme d’Hollywood; Janvier 1992 (NB: Version originale en 1990)
La Baleine de Dublin; Octobre 1993 (NB: Version originale en 1992)
NOUVELLES:
1- Le Joueur de flûte (1940) – Fiction spécial N°21
2- Le Coquillage (1944) – LÎle cannibale et onze autres récits de la revue Weird Tales
3- Il joue à la guerre (1944) – Le piano satanique
4- Lazare, approchez (1944) – Les meilleurs récits de Planet Stories
5- La Nuit (1946) – La Présence monstrueuse et huit autres récits de la revue Weird Tales
6- Lorelei de la brume rouge (1946) – Stark et les rois des étoiles
7- J’appelle le passé (1947) – Fiction Spécial N°13
8- Cauchemars en Harmaguédon (1948) – Histoires de cosmonautes
9- Monstrueusement vôtre (1944-1948) – Recueil de Nouvelles
10- Aux portes de l’épouvante (1945-1948) – Recueil de Nouvelles
11- La Grande Roue (1948)
12- Pour solde de tous comptes (1950) – Les meilleurs récits de Thrilling Wonder Stories
13- Toute la ville dort (1950) – Histoires à ne pas lire la nuit (Hitchcock présente)
14- Tout l’été en un jour (1950) – Fiction N°26
15- Chroniques martiennes (1950) – Recueil de Nouvelles
16- Un Petit voyage (1951) – Bifrost N° 72 – Spécial Ray Bradbury
17- Les Six pierres blanches (1951) – Histoires fantastiques de demain
18- L’homme illustré (1947-1951) – Recueil de Nouvelles
19- La femme qui hurlait (1951)
20- Les Pommes d’or du soleil (1945-1953) – Recueil de nouvelles
21- Le Pays d’octobre (1943-1955) – Recueil de Nouvelles
22- Un remède à la mélancolie (1948-1959) – Recueil de Nouvelles
23- Le Manège (1962) – Fiction N°110
24- Les Machines à bonheur (1947-1964) – Recueil de Nouvelles
25- Je chante le corps électrique (1948-1969) – Recueil de Nouvelles
26- L’Éternel bébé (1970) – Fiction N°225
27- Théâtre pour demain… et après (1950-1972) – Recueil de Nouvelles
28- La Colonne de feu (1975) – (3pièces en 1 acte)
29- Bien après minuit (1946-1976) – Recueil de Nouvelles
30- Un dimanche tant bien que mal (1950-1976) – Recueil de Nouvelles
31- À l’ouest d’octobre (1984-1988) – Recueil de Nouvelles
32- …mais à part ça, tout va très bien (1994-1996) – Recueil de Nouvelles
33- Train de nuit pour Babylone (1997) – Recueil de Nouvelles
34- De la poussière à la chair – Souvenirs d’une famille d’immortels (2001) – Recueil de Nouvelles
35- Les Garçons de l’été (2002) – Recueil de Nouvelles
36- Léviathan 99 (2004-2007) – Recueil de Nouvelles
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